Les
27 et 28 septembre 2014, le festival Polar
en cabanes, organisé par Les Amis de Chester Himes, d'Aquitaine,
d'Arcachon et du Bassin, aura lieu à Gujan Mestras, sur le bassin d’Arcachon.
Le
lien entre Arcachon et Himes n'est pas fortuit. Au printemps de 1953, Himes,
qui vivait depuis quelques semaines en France, accompagné d’Alva, la femme
qu’il avait rencontrée sur le bateau en venant en France, a passé deux mois à
L’Aiguillon (Arcachon), dans une maison appartenant à Yves et Yvonne Malartic.
Yves Malartic était son traducteur et son ami.
Himes
raconte ce séjour dans The Quality of Hurt, le premier volume de son
autobiographie. Les détails qu’il rapporte – une omelette gigantesque faite de
douze grosses huitres, d’une douzaine d’œufs et de fines herbes, le tonneau de
Bordeaux, le lit inconfortable, la glacière et le tub dans le jardin –
dessinent un bonheur simple.
C’est
pour Himes une découverte de la France profonde : le filet avec lequel les
Françaises font leurs courses, le fétichisme (sic) des Français envers la
grossesse, que ce soit chez les femmes ou chez les chattes, le visage rude des
femmes du peuple.
On
peut affirmer sans trop de risque que Himes n’a jamais été aussi heureux que
pendant ce séjour. Il finissait d’écrire La troisième génération, son
roman autobiographique. Alva et lui suscitaient la curiosité des autochtones,
mais jamais le racisme.
« Nous
nous y plaisions. […] Quand nous allions jusqu’au banc de sable qui se trouvait
de notre côté de la baie, pour nous étendre au soleil, les enfants du quartier
se rassemblaient et nous regardaient avec de grands yeux étonnés, comme si nous
étions des bêtes de foire. Mais quand Alva leur parlait en français, ils
étaient timides et gênés. Il était agréable en fin d’après-midi de descendre la
rue Alexandrine vers la ville. Nous regardions les familles curieuses qui
sortaient l’une après l’autre de leur maison et s’appuyaient à leur portail pour
nous regarder passer. »
The Quality of Hurt est le
premier volume de l'autobiographie de Himes, le second étant My Life of
Absurdity. Tous deux ont été condensés et traduits par Yves Malartic (Regrets
sans repentir).